Comme ils restent de bois, ne cheminent pas, ne s’agitent guère sauf quand le vent souffle, comme nous les retrouvons quand nous les avons plantés là, nous peinons à comprendre qu’ils font davantage que de passivement offrir des fruits, un refuge, de l’ombre, de la fraîcheur, un perchoir. Tout juste nous espérons qu’ils puissent absorber l’excès de dioxyde de carbone que nous avons diffusé dans l’atmosphère.
Chaque arbre est un monde qui porte ses forêts de lichen et de mousse, ses tribus variées d’insectes, d’araignées ou de cloportes, et combien de continents pour des animalcules invisibles. Comme des bergers sur leurs échasses, ils prennent soin des troupeaux du vivant.
Leur action mystérieuse ne s’explique pas toujours : dès qu’on entre sous leur voûte verte, les muscles des épaules et de la nuque perdent leur raideur. On y prend une idée plus raisonnable de notre importance et de la brièveté de nos existences. Si vous couchez un bébé sous un arbre dans lequel les rayons du soleil jouent avec la transparence des feuilles, il cessera de s’énerver et de pleurer. Le malade guérira plus vite s’il voit un arbre par la fenêtre.
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