Illustration : Page-miroir de Rober Racine
Face à son texte, ne savait où se mettre : dessus, devant, il l’aurait masqué. Ayant la conscience vague que la juste position serait en marge, ou en bas de page, à la manière d’une note, mais n’y tenant pas, se démène, fouisse, farfouille, au point de se retrouver, ne sait comment, de l’autre côté du texte, dans la pénombre. Là, les signes sont inversés et illisibles, c’est absurde et inconfortable, malgré un courant d’air frais.
Ultérieurement, pour épater la galerie, voulant bêtement rééditer, l’exploit qui lui avait ménagé un espace de l’autre côté du texte, tente de s’y faufiler, mais reste pris dans la trame, dans le réseau tendu et inextricable des phrases, qui lui refusent le passage, le ligotant proprement dans leurs barbelures.
Et encore, autre tentative, s’emmêle dans les rideaux poussiéreux des coulisses du texte, parmi les accessoires vétustes, les masques défaits, s’étouffe dans les plis et replis, sans jamais retrouver ni le début ni la fin.
Épuisé par ces échecs, considérablement amoindri, est achevé par les récriminations bruyantes des lecteurs, qui n’ayant pas trouvé leur place dans le texte, désertent définitivement la page avec une grande clameur.