La page trouée
S’attaquer au texte avec des ciseaux, y ménager des fenêtres sur la page d’en-dessous. Les vides que l’on aura découpés dans le récit permettront peut-être de voir l’autre histoire, sa face inénarrable.
Exposer le texte à la flamme d’une bougie, sans le laisser brûler complètement, pour y ouvrir un trou noir et irrégulier, vers ses profondeurs secrètes, vers ses parenthèses intimes.
Badigeonner la page d’huile vierge, pour que par transparence, elle laisse confusément lire, en-dessous, en même temps, le message dissimulé dans l’épaisseur du texte.
En tout cas, avec des outils qui creusent et qui incisent, gouges, ciseaux, rabots, l’évider, faire paraître, en soustrayant de la matière, ses reliefs, ses motifs, ses veines.
En tout cas, avec une tenaille, arracher les métaphores mortes, pour éviter qu’elles ne gangrènent le reste
Les mots sont-ils des masques percés de trous pour les yeux ?