Je sais que quelque part existe quelqu’un qui s’intéresse à Pianori, Italien, auteur d’un attentat contre Louis-Napoléon Bonaparte, empereur auto-proclamé des Français de 1852 à 1870. C’est pour lui que je retranscris cet extrait des Mémoires de Griscelli (dit aussi Jacques-François de Vezzani, baron de Rimini), corse, fabulateur, délinquant et agent secret qui donne une version intrigante de l’anecdote, dans un français un peu approximatif.
Ce malheureux Pianori, cordonnier de profession, arriva à Paris et se logea rue de la Galande. Ne parlant pas français et ne trouvant pas d’ouvrage, il tomba dans une misère complète. Dans le même hôtel que lui demeurait un de ces misérables que j’ai flétris sous le nom d’agents provocateurs. L’espion commença par plaindre Pianori, lui donna de l’argent, lui paya à manger, à boire surtout et, pendant qu’il était ivre, l’agent l’excita contre Napoléon.
L’employé de la préfecture prit un tel ascendant sur l’italien que ce dernier, croyant avoir trouvé un Dieu bienfaisant se serait jeté dans la Seine plutôt que de désobéir à son bienfaiteur qui le nourrissait et le logeait sans travailler.
Le jour de l’attentat, Pianori, ivre d’absinthe, est conduit par l’agent aux Champs Élysées; on lui met à la main un revolver et il tire trois coups sur Napoléon.
Arrêté, jugé et condamné à mort. Le jour de son exécution, à six heures du matin, au moment où la tête de Pianori tombait dans le panier, le Moniteur annonçait à ses lecteurs que Hébert était fait chevalier de la Légion d’honneur pour services exceptionnels. »
On supposera qu’Hébert était le nom de l’agent provocateur dont Griscelli omet de nous donner le nom au début de son récit.
Mémoires de Griscelli, Bruxelles – Genève – Londres, 1867.