Souvent, je cherche mes mots ou plus exactement j’essaie de retrouver un mot dont la précision, l’élégance, la saveur me hantent. Le souvenir est très net, mais le mot qui me vient n’est pas celui-là, mais un autre, approximatif, plus banal.
Pis encore, il m’empêche de retrouver celui que je cherchais : il fait écran. Ce mot écran reste là, cachant l’autre dans son ombre.
Je lutte, j’engage diverses stratégies pour retrouver mon mot, dictionnaires, lexiques, divagations calculées.
Quelquefois la conclusion s’impose : le mot que je cherchais n’existe pas. Ne reste que l’ombre qui le masquait.
D’autres fois, derrière le mot écran, je ne trouve qu’un pâle reflet du mot désiré, tout à fait dépourvu de magie.
Faut-il envisager un néologisme ? Tout démolir et réécrire pour abolir sa nécessité ?
Plus rarement enfin, on le déniche derrière l’écran, en sa splendeur native d’oiseau de paradis, de vieil ami, d’amour d’enfance ou de trésor de pirate.