De l’arbre on glisse facilement à l’oiseau, image ©BNF-Gallica
Sur l’eau vive
apparition ailée
de l’esprit, plus bariolé
et décoiffé
que la colombe
mais un baptême de beauté
certainement
L’anglais dit kingfisher
pour ainsi dire roi pêcheur
Sur la gauloise Coudre
la Même ou l’Erre
on dit martin-pêcheur
prénom de glèbe
et de berge rustique
On ne questionnera pas
sa royauté tant
il règne sur l’éclaboussure
de couleur soudaine
le plongeon éclatant
l’étincelle bleu électrique
et orange
plus rapide que le regard
Roi aussi des aulnes, osiers
sureaux et peupliers
trop vif, trop fugitif
pour être détaillé
trente grammes
de beauté surnaturelle
Le bon Pierre Belon
naturaliste du Mans
dans l’Histoire de la nature des oyseaux
avec leurs descriptions
et naïfs portraicts retirez du naturel
l’appelle « martinet pescheur »
en mil cinq cent cinquante-cinq
Martin-pêcheur, trait d’union
entre le ciel et l’onde
telle Alcyone courant
sur la digue puis sur l’eau
sautant, volant
pour étreindre le corps de
son mari noyé
dans le poème d’Ovide
et avec lui transformée
en oiselle, en oiseau
Aristote décrit déjà
son mystérieux nid
flottant construit pendant
les jours alcyoniens
soit les deux semaines
de calme plat
qui entoureraient
l’équinoxe d’hiver
Mais Belon le contredit
par l’observation directe
Merlet bleu, tartarieu
vire-vent disait-on encore
d’après Monsieur de Buffon
plonge et tente
d’un coup de bec audacieux
de remonter au jour
un poème qui nageait
entre deux eaux