« Simple manie d’écrire (sans idée d’anomalie, d’obsession pathologique) » dit le dictionnaire le Robert, et j’en doute.
Le bric-à-brac de Jean-Baptiste Evette
site personnel
D’OÙ VENONS-NOUS ?
Jeune ou moins jeune, vous pensez quelquefois au passé, à votre généalogie, à l’histoire de votre famille ?
Vous aimeriez raconter ou écrire, discuter ou sculpter, coudre ou monter sur scène pour faire revivre des ancêtres réels ou imaginaires ?
Jean-Baptiste Evette et le collectif des Grandes Personnes, avec la direction des actions culturelles et l’espace senior de la ville de Bagneux, proposent un atelier de création du spectacle Ancêtres qui sera représenté pendant la fête des Vendanges 2015.
Calendrier des ateliers Ancêtres :
Ateliers écriture, sculpture, structures, couture, etc. : 19 mai (CSC Gueffier), 26 mai (médiathèque), 2 , 9, 16, 23 et 30 Juin 2015 (Espace senior)
Renseignements et inscriptions : 01 42 31 62 12
Les arbres qu’érigent les hommes dressent des fûts uniformément rectilignes ; leurs guirlandes, électriques ou téléphoniques, ne possèdent pas la grâce sauvage et baroque du lierre, de la viorne, de la ronce, de l’églantine du fusain, de la bryone, qui lient ou mêlent leurs tiges à des branches vives et torses, y accrochent des fruits à plumet, rouges, oranges, ou des grains presque violets. Quand d’aventure le vent les renverse, la dignité dont l’arbre ne se départit jamais, même couché, manque à ces poteaux que l’on baptise parfois prétentieusement « pylônes », comme quelque architecture antique.
Le noisetier, ce n’est pas tellement en termes de tronc qu’il croît, plutôt par faisceaux ou par jaillissements de baliveaux. Son individu est pluriel.
Pour se multiplier, le noisetier drageonne ou renaît bien sûr de la noisette, petite noix.
Alors que le noisetier et le noyer diffèrent du tout au tout, des feuilles gaufrées et légères de l’un, denses et vernissées de l’autre, aux troncs lisses ici, rugueux là, jusqu’à la qualité de l’ombre qu’ils dispensent, leurs fruits ont en commun d’être de petits mondes obscurs et clos, protégés d’une coque qui semble elle aussi de bois.
On s’étonne d’ailleurs du pouvoir de germination de ces globes rigides comme des casques, de leur fermeture rigoureuse, ils font figure de minuscules coffres au trésor. Il y a tout un prudent travail de décortication à mener pour accéder à la denrée aussi savoureuse que précieuse qu’ils enferment, comme quelquefois le poème.
Qu’on le coupe, l’arase, le déracine, cela n’arrête pas le noisetier, n’use pas sa détermination. Reparti d’en dessous, il remonte à l’assaut de la lumière, agile et souple.
Ici ou là, on nommait le noisetier « avelinier », « coudre » ou « coudrier », le bosquet où il poussait « coudraie » ou « coudrette »… Décidément, il apparaît souvent comme le reflet, amoindri par un diminutif, d’un aîné absent et plus majestueux : sur le blason, trois de ses fruits réunis s’appellent « coquerelles ».
Pourtant, il a ses vertus, il est l’ami des vanniers ; en baguette, il déniche les sources cachées ; depuis toujours, il abrite volontiers les idylles champêtres. Sa vigueur enfin est explosive : « Son charbon, très léger, est excellent pour la fabrication de la poudre à canon », écrivait le vieux Larousse. Mieux, encore, si l’on arrête à temps le processus de calcination, le bâtonnet de coudrier permet, comme celui du fusain, de dessiner ou d’écrire.
J’ai été invité par l’association Reissa et la librairie de Figeac « Les mots en fête » à une rencontre-lecture au caf’causse d’Assier dans le Lot. Chaleureux et encourageant ! Merci à tous.
Je voudrais aussi proférer l’éloge des arbres qui ne sont pas de haute futaie ou de vieux lignage. Gloire, donc, au buisson épineux et antipathique, à l’obscur conquérant des pentes rocailleuses et ingrates, des sous-bois mal éclairés.
S’il ne domine pas, si son tronc est souvent trop irrégulier pour servir le menuisier ou l’ébéniste, n’est-il pas tout autant arbre que d’autres essences plus révérées, et peut-être davantage même, par sa sauvagerie ?
Gloire au houx, sans doute, car ses feuilles hérissées restent vertes, et ses baies sont toxiques, mais aussi au genévrier, sombre et piquant, dont les grains noirs et fripés aromatisent les alcools du nord. On n’y grimpe pas !
Celui qui serait tenté d’étreindre l’aubépine, parce que ses fleurs sont mousseuses et blanches comme une robe de mariée, parce qu’elle diffuse un parfum parfois suffoquant, risque bien de s’y déchirer, mais célébrons-la !
Quelle séduction dans les pointes aiguës du prunellier, dans ses fruits spectaculaires, bleus ou violets, finement poudrés, charnus et délicieusement immangeables ! Il nous offre à la fois la quenouille de la Belle au bois dormant et sa bouche froide et âpre.