Création, premières représentations de La Bascule, spectacle sur la dernière décennie de la peine de mort en France

Par la compagnie les Grandes Personnes

Avant première à la Villa Mais d’Ici, 77 rue des Cités à Aubervilliers, le 25 mai à 16h

Festival Les Nocturbaines à Paris 75020 le 31 mai à 15 h 45 et le 1er juin à 14 h 30
Festival Parade(s) à Nanterre les 7 et 8 juin
Festival les Petits Pois à Clamart le 14 juin, 15 h 30 et 19 h 30
Festival Coulée Douce à Paris 75012 le 15 juin, 15 h 05 et 17 h 30
Festival de l’Oh ! à Paris, escale de Bercy les 28 et 29 juin 
Festival Chalon dans la Rue du 24 au 27 juillet 
Festival Cergy Soit à Cergy Prefecture les 12, 13 et 14 septembre

La déposition des témoins, avec Benoît Hamelin. Photo Camille Sarret

Retournement

À rester planté au pied des arbres, on éprouve un jour le besoin d’inverser le point de vue et de les regarder de haut, comme ils ont coutume de faire avec nous.

Cette perspective neuve, côté cime, n’a pas vraiment de nom… comment la baptiser ? Aviaire ou oiselière ? Pour considérer le sujet sous cet angle, on doit se tenir ne serait-ce qu’un instant en un point presque inaccessible et hautement inconfortable. Mais si l’on consent à cette acrobatie, en abordant la question à vol d’oiseau, quelle profondeur de vue on gagne ! On apprend la science de répartir le feuillage par rapport au zénith pour jouir plus largement de la caresse du soleil. Comme l’arbre révèle de légèreté ! Sa stratégie, comprend-on grâce à ce retournement, n’est pas seulement ligneuse et branchue, mais aussi mousseuse, empanachée, grêle, aérienne. Tellement plus mouvante ! Alors, l’arbre ressemble à une herbe.

Ce qu’on ne parle pas

Maeterlinck, Introduction à une psychologie des songes, 1886-1896.

L’homme agit toute sa vie comme on agit dans une maison où il y a eu une mort subite et suspecte. On ne parle pas de l’événement mais on ne pense qu’à l’événement. On n’agit pas ostensiblement en vue de l’événement mais toutes les actions, tous les préparatifs tournent autour de l’événement. On ne parle que de choses insignifiantes et l’on sait que ce que l’on dit ne se rapporte pas à ce que l’on dit.

Deux hommes qui se parlent ne parlent pas de ce qu’ils disent. On parle aux autres comme on parle à un honnête homme dont le père est sur l’échafaud. Ce que je fais ne se rapporte pas à ce que je fais. Et j’ai toute ma vie le visage d’un homme qui s’applique à construire un jouet pour un enfant mais qui a d’autres affaires. Tout homme sent qu’il a ce visage. Même pendant qu’il rêve car il est bien plus profond que son rêve. Ce visage est l’archétype de l’homme. La vie est très hagarde. On vit ainsi sur un énorme sous-entendu et il semble que l’on sache au fond de soi que les poètes et les sages qui venaient annoncer qu’ils allaient parler exclusivement de ce sous-entendu et l’expliquer n’y ont même pas fait allusion. Et on lit leurs explications en retrouvant sous ces explications, à la même place, le même sous-entendu. Et l’on n’agit que d’après ce sous-entendu. Et l’on a envers eux l’approbation et la reconnaissance passive qu’on a envers ceux qui ne parlent pas de corde dans la maison d’un pendu.

Mais le plus étrange c’est qu’il semble à certains moments que ce sous-entendu ne soit pas exactement le même chez l’homme et chez la femme.

Maeterlinck, Introduction à une psychologie des songes, 1886-1896.

Merci à Barbara Steiner, qui m’a fait découvrir ce texte.

Quatre voix

Il fallait bien à un moment que je rende hommage à ce qu’ont dit de Tuer Napoléon III Jean-Christophe Sarrot dans Témoignage chrétien, Jean-Claude Perrier dans Livres Hebdo, Jean-Rémi Barland, dans La Provence et Jean-François Kervéan dans l’émission Ça balance à Paris de Paris Première. Ce n’est pas la première fois qu’ils défendent mon travail et j’imagine que cela demande une certaine obstination. J’y suis sensible. Bizarrement leurs prénoms contiennent tous un « Jean » comme le mien, mais nous n’appartenons à aucune société secrète commune…

La Bascule, en création avec les Grandes Personnes

La Bascule est un projet artistique mêlant arts plastiques et théâtre qui rappelle comment l’abolition de la peine de mort s’est tardivement imposée en France, avec un retard notoire sur les autres pays européens. Le spectacle raconte la dernière décennie de la guillotine, à partir du procès et de l’exécution de Buffet et Bontems en 1972-1973, jusqu’au vote à l’Assemblée en 1981. Les rôles sont interprétés par deux acteurs, Benoît Hamelin et Maximilien Neujahr mais aussi par d’inquiétantes poupées, aux visages inspirés par les clichés de l’identité judiciaire et les portraits du Fayoum.