Malgré festons
et guirlandes
ou souvenirs de Tarzan
cette liane d’Occident
liorne, jorne
inquiète quelquefois
Comme ronces et orties
un serpent végétal
rampille, fausse vigne
envahit maison ruinée
sous-bois obscur
terrain abandonné
Signe de sauvagerie
sarmenteuse
barbe de chèvre
ses tiges ligneuses
tombent en tout sens
Son pétiole vrille
s’attache
tourne
volubilement
Elle se hisse
joue des coudes
pour une place au soleil
Et on la soupçonne
comme le lierre
d’étrangler son hôte
Les mendiants, dit-on
herbe aux gueux
se frictionnait avec ses feuilles
pour confectionner des ulcères
réels mais temporaires
je ne sais si c’est vrai
Les gamins
La Guerre des boutons
en témoigne
crapotaient ses tiges creuses
à s’en arracher la bouche
bois à fumer
Ses fleurs d’été
« plus singulières que belles »
a décrété L’Encyclopédie
offrent à l’œil
aubevigne
de petites étoiles blanches
sophistiquées
et parfumées
Ses fruits jusqu’à l’hiver
portent des plumets blancs
soyeux et abondants
et le vent les emportera
cheveux de la Bonne Dame
Racines rouges
taille souple et flexible
liane mon aimée
robe d’étoiles blanches
délicatesse endolorie
chevelure d’argent
clématite est-elle femme
faiseuse de liens
ou à la fois terrestre
et céleste
résumé du monde ?
Pour vanner ses tiges
on les fait bouillir
les épluche
et on tresse
exemple
une ruche
dont les abeilles
bourdonneront
dans les fleurs estivales
de la liane mère
évoquant par leur ballet
l’existence d’un dessein
divin
barbe à bon Dieu