Comme un crocus
mauve miraculé
qui paraîtrait brièvement
à la fin de l’été
pour lequel on fait
exception
Les colchiques sont
empoisonnées, soit
elles évoquent Médée
et les trésors maléfiques
de la Colchide antique
Dans la pharmacopée
elles soignent la goutte
Mais, colchique dans les prés
c’est la fin de l’été
répète la rengaine
écrite par deux scoutes
en mil neuf cent quarante-trois
sans doute
Comme un crocus
mauve miraculé
qui paraîtrait brièvement
à la fin de l’été
puis disparaît
Feuilles et fruits
ne se déploieront
qu’au printemps
La fille avant la mère
s’étonnaient les Anciens
Égarées du côté de la ferme des Loges
sur un talus herbeux
de frêles sentinelles d’un violet délicat
veiné de blanc, plus pâle que le lilas
violâtre écrivait Apollinaire
șix pétales, six étamines
témoignent encore de la beauté
d’un monde éphémère
Comme un crocus
mauve miraculé
qui paraîtrait brièvement
à la fin de l’été