Nos agents dénoncent un climat de sédition, l’intervention d’agitateurs venus de l’étranger.
D’un côté, attention à l’homme de paille, à l’homme moissonné, à l’explosion de colère des fétus, si nombreux qu’ils obscurcissent le ciel d’été, qu’ils rendent l’air irrespirable. Attention à l’homme de paille qui joue avec les allumettes. Attention aux épouvantails, secs, piquants, poussiéreux, traînant leur piquet, secouant leurs haillons. Ce sont les messagers d’un soleil aussi brûlant qu’un gouffre qui menace d’avaler le paysage.
D’un autre côté, amer et écumant, l’homme-sandwich devenu immangeable et illisible, fort de son âpre solitude, revendique l’effacement des boulevards et l’aplanissement des immeubles. Au-dessus de lui les étoiles filent comme des comètes. Gare à l’homme-sandwich, disent nos agents, il ôtera le pain de la bouche.
Derrière encore, ajoutent-ils, gare à l’homme à la mer, ruisselant, les mains et la barbe pleines de goémon ; avec lui, eau saumâtre, crabes dans les lits et oursins dans les yeux ! Partout, il est suivi par l’homme-grenouille aux caresses visqueuses. Les larmes coulent ; les eaux gonflent ; les rivières débordent.
Car l’émeute gronde ! L’homme à abattre s’est levé, l’homme écran débranché. De concert, ils marchent, l’homme bourdonnant et l’homme tronc, l’homme à tout faire et l’homme de main, l’homme de peu de foi avec la femme de rien, la dame de pique, la femme légère et la femme de tête.
Nous avons peur, écrivent nos agents, car nous n’avons aucun secours à attendre du nouvel homme fort ni de la dame de fer, terrés dans leur palais.
Les séditieux veulent, cessant d’être des personnages secondaires, cessant d’être des prête-noms, comme un seul homme, comme une seule femme, donner de la tête contre les fondations jusqu’à jeter l’édifice à bas. Il serait irréparable, préviennent nos agents.