Esprit, qui transportas dans l’ardante charrete
Sur les Cieux estoillez le cler-voyant Prophete,
Qui frapant le Jordain de son plissé manteau,
N’aguere avoit fendu le doux fil de son eau :
Enleve moy d’ici, si que loin, loin de terre,
Par le Ciel azuré de cercle en cercle j’erre.
Vueille estre mon cocher, fay qu’aujourd’hui mon cours
Acompagne le char de l’astre enfante-jours :
Qu’à la coche de Mars je joigne ores ma coche,
Et qu’ore de Saturne, or’ du Croissant j’approche :
Afin qu’ayant apris de leurs flambans chevaux
La force, le chemin, la clarté, les travaux,
Ma muse d’une voix saintement eloquente
Au peuple aime-vertu puis apres les rechante :
Sur le pole attirant les plus rebelles cœurs
Par l’eymant ravisseur de ses accens veincueurs.
Guillaume du Bartas, La Sepmaine, « Quatrième Jour », 1581.