Arbuste, même pas
arbrisseau, à peine
buisson on dirait
Ici, à flanc de coteau
sablonneux
sauvages
sous les chênes
brûlent les flammèches
vertes et pointues
et brasillent
les fruits rouges
du fragon
dit « petit-houx »
J’apprends que ses feuilles
ne sont pas des feuilles
mais des cladodes
non des pagodes
vous-dis je
mais des cladodes
C’est une méthode
pour affiner
les tiges, qu’elles servent
de feuilles
Sempervirent et piquant
doté d’étranges fleurs
il est aussi, le fragon
surnommé « fesse-larrons »
châtiment saignant
en toute saison
Ruscus aculeatus
Ses belles baies
rouges
sont toxiques
mais les jeunes pousses
comestibles
ressemblent aux asperges
ses cousines
Décoratif, il remplace
parfois sur les tables de fête
le houx, dans les terres pauvres
On l’appelle aussi buis-pointu
et parfois on en a fait
d’ornementales bordures
Vergandier en Normandie
maritime, il permet d’attacher
des rangées d’hameçons
pour la pêche à la traîne
Butcher’s broom
en anglais, soit
« balai de boucher »
il a en effet
modestement servi
à récurer billot
mais aussi
en pays nantais
la jatte, la buire
ou le pot à lait
Et ici et là
on en fait des paniers
même si les vanniers
doivent un peu se piquer
Et bien entendu un remède
à toutes sortes de maux
Les rhizomes
du fragon
entrent dans la composition
du vénérable sirop
des cinq racines
avec asperge, persil, fenouil et ache
mais ne le répétez pas trop
je n’y connais rien médecine
Faut-il le préciser
la première attestation
du mot « fragon »
apparaît dans
le roman médiéval
La Naissance
du chevalier au cygne
et comment finir ce poème
sans le faire rimer avec dragon
mais vert, nain, humble et tenace