J’écris une ligne pour établir une barrière contre l’avalanche de signes, cris, mots, paragraphes, pages, derrière laquelle j’essaierai de penser.
J’écris pour tracer une ligne et si tu franchis cette ligne, je te tuerai, car derrière elle je fonde un ouvrage.
Je veux une ligne qui soit une modeste zone de silence et de calme.
Je veux une ligne comme une colonne, forte et droite, et je secouerai ma paresse pour y grimper et je m’y installerai, tel un saint stylite, seul au bout de ma ligne.
Au bout de ma ligne, pas d’hameçon, pas de venin, car je ne veux ni pêcher ni tuer avec ma ligne.
Et ma ligne, je ne la copierai ni cinquante ni cent fois, car elle est unique.
Et ma ligne n’est qu’une frontière entre deux néants…
Et ma ligne un fil que la Parque tranchera.