P. était petit enfant dans la ville de Nyse et, comme on lui avait interdit de toucher le feu, il le fit quand même. Certes, il se brûla, mais les moments qui précédèrent, la chaleur et le rayonnement croissant, la possibilité de toucher et déplacer la braise avant que la douleur ne devînt insoutenable le convainquirent qu’il était intéressant de désobéir.
Comme il était aussi interdit de monter dans les canoës en écorce attachés à la rive de la Vitac, cours d’eau rapide, la suite de son histoire se passa dans un village de l’aval, Sorbesart. Là, une tradition bien ancrée voulait qu’on déambulât tout nu. Il garda ses habits, mais les autres avaient l’air de mieux profiter du soleil et de l’air.
À quelque distance de Sorbesart, par l’ancienne voie empierrée, se trouvait la ville forte de Hamp, qui était en guerre avec les bergers des landes. On voulut l’incorporer dans l’armée, mais il refusa à grand bruit, et on le battit et on l’enrôla de force. Il en conclut qu’il valait quelquefois mieux désobéir en silence.
En se cachant dans les joncs d’une tourbière, il réussit à déserter avec un camarade, M., de la ville de Duredor, qui voulait rejoindre sa bien aimée, B.. Il apprécia le séjour dans cette belle ville, mais tomba amoureux de B., et s’enfuit avec elle.