La question houx


Certes, il reste vert
en hiver
ilex aquifolium
et cela nous rassure
peut-être encore
sur le retour
des beaux jours

Mais une fois décrochées
les décorations de Noël
une fois passées les festivités
et les pâtisseries
que reste-il du houx ?

Un cri dans la forêt
appel ou avertissement
de bête nocturne

Entre en scène le coriace
chevalier vert
cuirassé de pointes
en sa jeunesse

Dans sa vieillesse
ermite solitaire
sans épines
méditatif

Comme d’autres sentinelles
sempervirentes
le houx s’est retiré
de la compétition vers le haut
pour plus de lumière

Il reste là, il attend
et quand l’automne
dépouille de leurs feuilles
ses rivaux
il profite sans frissonner
du soleil d’hiver

Un cousin sud-américain
produit le maté
boisson reconstituante
mais n’essayez pas
le thé du houx d’ici
Laissez les baies rouges
portées par les pieds femelles
aux merles et aux grives

Nocturne, hivernal
il serait l’arbre
du dieu Saturne

En tout cas son bois
à la fois souple et dur
fait d’excellents bâtons
de belles cannes
pour cogner
housser ou houspiller

Les jeunes filles, paraît-il
se piquaient les doigts
sur chacune des épines
en les comptant
pour savoir si elles seraient
filles, femmes, veuves ou nonnes

Mieux encore selon Pline le Vieux,
planté dans votre cour
il protégera la maison
des maléfices

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