Si Marle Bévis écrit, il ne compte pas perdre son temps avec les poètes désargentés. C’est forcément un best-seller qu’il prépare. Un coup d’œil à la liste des meilleures ventes et c’est entendu, il entreprend un manuel de développement personnel.
Par chance, cela ne présente aucune difficulté pour Marle Bévis. Son moi a déjà atteint son degré de développement maximal, il occupe tout l’espace disponible, ne laissant de place, à l’intérieur de lui-même, pour personne d’autre.
Il choisit un titre beau, simple et classique : À la découverte de soi-même.
Marle Bévis ne met pas la charrue avant les bœufs : il rédige une table de matières qui suffira à convaincre un éditeur et lui vaudra assurément une avance confortable sur les droits d’auteur. Il y a douze chapitres.
- Pour vivre heureux, vivons aveugles
- La vérité a déserté le puits
- Collision avec un miroir, sept ans de malheur !
- Florilège d’idées noires
- Liste de vos infamies, trahisons et autres impostures
- Votre moi est-il plus haïssable que celui d’un autre ?
- Autant fouiller une poubelle
- Se haïr soi-même, la clé pour mieux détester les autres
- Vaut-il mieux souffrir que ne pas être
- Quelles dernières paroles pour ne pas mourir idiot ?
- Quelle épitaphe pour votre pierre tombale ?
- Au fond du gouffre, le néant
Marle Bévis n’a pas peur, son caractère est bien trempé. Sans hésitation, il déconstruit, désosse, déshabille, déchante. Pour la couverture, il envisage quelque chose de bleu pâle, avec une touche de rose, une colombe ou un arbre.