Nouveaux ateliers Ancêtres

ANCÊTRES AU BOURGET, UNE INVITATION À CRÉER
Depuis 2012, les spectacles participatifs Ancêtres retracent les aventures qui ont fini par réunir nos aïeux depuis leurs diverses régions ou pays d’origine. Mêlant scènes du quotidien et aventures, ils reposent sur des figurines articulées, sculptées par les participants. Tenant à la fois de la poupée, de la marionnette et de la statuette, ces figurines racontent le travail, les voyages, l’exil, la résistance, l’amour et surtout matérialisent le lien mystérieux et invisible que chacun de nous entretient avec ses ancêtres.
S’ils sont souvent drôles et touchants, s’ils ressemblent justement à un jeu d’enfant, avec figurines et accessoires, ces spectacles n’esquivent pas forcément les épisodes violents ou tristes, mais ils les abordent toujours avec simplicité, mesure et discrétion, et la présence des statuettes crée une médiation qui permet une distance et l’expression de la tendresse.


CALENDRIER
28 janvier 2019 : présentation du projet
Fin janvier et février 2019 : ateliers de paroles et d’écriture (avec Jean-Baptiste Evette)
Mars à juin 2019 : ateliers de construction et de sculpture
Septembre à décembre 2019 : ateliers mise en scène et jeu
Représentations en décembre 2019 et en 2020
Avec Sham LeBourget, la Ville du Bourget la Drac Île-de-France (Ministère de la Culture).

Doutes sur le verbe « narrer »

La grammaire ne le signale pas comme un verbe défectif ou défectueux, mais
est-ce qu’on écrit, autobiographiquement, je me narre ? Il se narre ?
est-ce qu’on demande réellement : Qui a narré ?
est-ce que j’ai déjà lu : Il narra et renarra toute l’histoire d’une voix nasillarde ?
j’ai l’impression que ce verbe étrange se conjugue rarement
pourtant, remarque Littré, dans Les Provinciales de Pascal, ou plutôt de Louis de Montalte
« Je vous suis plus obligé que vous ne pouvez vous l’imaginer de la lettre que vous m’avez envoyée ; elle est tout à fait ingénieuse et tout à fait bien écrite. Elle narre sans narrer ; elle éclaircit les affaires du monde les plus embrouillées. »
Inénarrable, soit, mais narrable ? À part Paul Valéry, révérence.
Narrateur, évidemment, comme interrogateur, calomniateur, mais aussi acteur ou danseur.
Comme certains êtres, un mot peut provoquer un léger malaise.
Qu’est-ce que vous me narrez là ?

Corridor

Source : Hoogstraten, 1662, Wikipedia

Chut, on entre dans un
corridor obscur
et silencieux
quand, où ?
est-ce un moment ou un lieu ?

une fois la lampe éteinte
ça commence
il se déploie
le corridor occulte
et passionnant
qui mène du jour à la nuit
de la veille au sommeil
corridor, personne n’y court
on avance pas à pas, entre les fantômes
plutôt l’intelligence jette parfois
un curieux éclat
comme la flamme
d’un feu qui s’éteint
entre rêve et réalité
un corridor ou un carrefour
qui ouvre sur quelles portes ?
quand, où ? Continuer la lecture de « Corridor »

Étienne Jodelle « J’aime le lierre aussi, et sa branche amoureuse »


D’Étienne Jodelle, dans Les Amours (1574)

J’aime le vert laurier, dont l’hiver ni la glace
N’effacent la verdeur en tout victorieuse,
Montrant l’éternité à jamais bien heureuse
Que le temps, ni la mort ne change ni efface.

J’aime du houx aussi la toujours verte face,
Les poignants aiguillons de sa feuille épineuse :
J’aime le lierre aussi, et sa branche amoureuse
Qui le chêne ou le mur étroitement embrasse.

J’aime bien tous ces trois, qui toujours verts ressemblent
Aux pensers immortels, qui dedans moi s’assemblent,
De toi que nuit et jour idolâtre, j’adore :

Mais ma plaie, et pointure, et le Nœud qui me serre,
Est plus verte, et poignante, et plus étroit encore
Que n’est le vert laurier, ni le houx, ni le lierre.

L’estran

L’estran
comme une chambre à l’occident
dont on aurait perdu la clé
sous le ressac et le remous
régulièrement noyée
submergée sous un plafond de houle
où dort captive notre imagination

L’estran
chambre des vases, des sables, des rocs
où se recueillent les épaves
bizarrement oubliée des grands mythes
parfumée de puanteurs poétiques
où joue une musique de chambre mousseuse
de crépidules, littorines, balanes et buccins

Chambre d’un dormeur rouge
cuirassé et armé jusqu’au bout des pattes
parcourue de frissons argentés
d’allées-venues fugitives
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Le pays de l’alisier blanc

Montant au col de Beauvoisin
en vue de la croix de Justin
autre pays des merveilles
essoufflé mais les yeux grand ouverts
sur une pente buissonneuse
j’ai aimé
l’allant de jeunes arbres
l’élan vigoureux et désordonné
de leur tronc mince
gris, tacheté
moins appesanti
que moi par la gravité

Comment ne pas admirer
leurs faisceaux de fruits
verts, orange ou rouges
selon leur maturité
et surtout la danse changeante
de leurs feuilles gauffrées
argentées au verso ?

J’ignorais leur nom
peut-être un sorbus
genre fourre-tout
ou un prunus inconnu ?
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Dans les yeuses

Là bas, jadis, au pays d’Épire
barbare et mystérieux
lointain, nordique et pluvieux
du moins au yeux des Grecs
dans le bruissement des ramures
d’un bois de chênes
on déchiffrait les paroles de Zeus
le dieu assembleur des nuées
et la légende de Dodone me fascine

Me mêlant de ce qui ne me regarde pas
je me demande si les chênes
nous observent
quand leurs rameaux
oscillent et chuchotent
même sans vent

Serviteurs de l’oracle
les Selles, ascètes méconnus
vivaient pieds nus
Mal lavés, dit Homère
ils dormaient à même le sol
sans doute pour mieux
comprendre les arbres
mais on ne nous dit pas
s’ils rêvaient debout
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