C’était en avril 2012 par l’association larochellivre, et jamais on ne m’avait posé questions si fines et si pertinentes, je m’en souviens aujourd’hui. Il était temps. Et merci encore à Éric et à sa famille.
Pulp français
Je n’ai jamais lu d’aventures du « nyctalope » le héros récurrent de Jean de La Hire, mais mon premier essai de roman s’appelait Le Démon nyctalope.
Douve parle
Quelle parole a surgi près de moi,
Quel cri se fait sur une bouche absente ?
À peine si j’entends crier contre moi,
À peine si je sens ce souffle qui me nomme.
Pourtant ce cri sur moi vient de moi,
Je suis muré dans mon extravagance.
Quelle divine ou quelle étrange voix
Eût consenti d’habiter mon silence ?
Du Mouvement et de l’Immobilité de Douve, Yves Bonnefoy, Poésie/Gallimard.
Le spectacle La Ligne jaune à Paris
Nouvelles représentations de La Ligne jaune les dimanches 11, 18 et 25 novembre à 19 h au Grand Parquet, le jardin d’Éole, 35 rue d’Aubervilliers, 75018 Paris.
Entrée libre, réserver au 01 43 52 19 84.
Le défi farouche d’Armand Robin
LE CHOIX
Dans l’ère de haine et de propagande
Je veux une surface aussi grande.
Je n’ai pas besoin de vent pour élargir mes gestes,
Je n’ai pas besoin d’écho pour ébruiter mes cris.
C’est par leur vérité que mes mots seront énergie.
Je veux qu’on me soupçonne, qu’on me calomnie ;
Je veux sur moi le poids de toute tyrannie.
… …
J’ai choisi, pour me bâtir, d’être partout détruit.
J’ai choisi de n’avoir pas de lit,
De n’avoir aucun sommeil dans aucune nuit…
Armand Robin, Ma vie sans moi, Poésie/Gallimard
Lignée II
Les arbres, certains confient aux vents de petits aérostats qui emportent chacun une graine dans les tourbillons. Quand la saison est là, érables, tilleuls, frênes ou charmes lancent dans la bourrasque, de toute leur hauteur, ces samares, appareils légers qui doivent emporter leur lignée en des terrains qui lui seraient inaccessibles autrement.
Et volent de singuliers papillons, aux ailes vert pâle, brunes ou acajou, plissés et dissymétriques, lestés pour mieux tournoyer sur eux-mêmes, dont un grand nombre se perd en des lieux stériles.
Confier à la rafale le soin de sa descendance, voilà des façons bien étranges.
Et puis on se rappelle la belle réclame gaufrée que portaient les épais dictionnaires Larousse : « Je sème à tout vent. ». De vrai, où atterrissent les mots lâchés sur la page ? Germent-ils jamais ?
Franchement, jusqu’à hier, j’ignorais jusqu’au nom d’Armand Robin et voilà qu’aujourd’hui…
Depuis plus de dix ans mes gestes sont détruits,
Très seul, loin du poème, en un bois déserté,
Je m’assaille à la hache, muet déserté,
Et les poèmes qui parfois tombent de moi
Font à peine le bruit d’une feuille morte dans les sous-bois
Homme de la nuit,
J’ai vécu dans un monde détruit ;
Mots, gestes ont dû grimper de ruine en ruine.
Armand Robin, Ma vie sans moi, Poésie/Gallimard
La Ligne jaune à Cergy Soit
Le festival des arts de la rue Cergy Soit a programmé quatre représentations de La Ligne jaune, création réalisée avec les Grandes Personnes, les samedi 15 septembre (16h30 et 18h30) et dimanche 16 septembre (16h30 et 18h30) sur le parvis de la Préfecture (côté anciens cinémas).
Un souvenir de Catherine Lépront
Catherine Lépront a « inventé » mon premier roman, alors qu’il n’intéressait encore personne. C’est elle qui l’a déniché au milieu d’une pile de manuscrits et a pris contact avec moi. Je me souviens qu’elle n’aimait pas les suffixes en -et ou -ette, les jardinets ou les maisonnettes, alors qu’ils me rappelaient du Bellay ou la Pléiade, et que je m’appelle « Evette », ce qui ressemble à un diminutif. Elle prenait la question du narrateur très au sérieux, comme les gens qui perçoivent les résonances morales d’un choix esthétique. Et puis c’était une femme aimable, encourageante, qui m’a paru dotée d’un grand sens de l’humour et, encore, d’une personnalité vibrante.
La Ligne jaune
Texte écrit pour et avec les Grandes Personnes, La Ligne jaune raconte avec des santons la naissance, la vie et les luttes de l’usine Renault de Cléon. La Ligne jaune est en ce moment en tournée dans les Pyrénées dans les centres de vacances de la CCAS. L’ensemble de l’usine, des machines et des personnages tient dans deux grosses valises. C’est Raphaële Trugnan qui interprète d’une manière émouvante cette épopée ouvrière du 20e siècle en jouant avec une trentaine de santons.
Photographie Aude Meeschaert