À mes nièces Prunelle et Iris
Pour le prunellier,
je voudrais un poème simple et acéré
comme une épine
qui irait droit au cœur
Ou mieux encore plongerait en léthargie
les moteurs et machines
et l’on n’entendrait plus
que les pinsons et mésanges
Ils font du bien à l’âme humaine
qui se souvient d’avoir été oiselle
Jubilation fraîche
du premier printemps, prunellier
met ses dentelles
immaculées à sécher
blanches à contre-azur
sans feuilles, tout en fleurs
au bout des épines noires
Prunus spinosa
me rend panthéiste
dieu horizontal
tout entier infusé
à la splendeur
d’un buisson d’épines
fleuri
La prunelle est dans la haie
et te regarde
Gare à l’épine
Prunellier constelle
de perles bleues
givrées de pruine
la clôture de l’été qu’il chiffonne
de ses petites feuilles ovales
Âpre, astringent, et piquant
épine noire pour résumer
Prunellier couronne les murs
de pierres sèches de mon enfance
et la prunelle ne se mange
m’expliquait-on
gnôle ou pâte de fruit
qu’après la Saint-Jean d’hiver
Et pour ma colère shillelagh
prononçons « shilaïli »
bâton au pommeau de racine
encore hérissé de piquants
S’il faut se battre, tu m’aideras
encore