D’abord champêtre
bucolique, à la Virgile
car la bergère
Phyllis aime à reposer
sous le coudrier
corylus avellana
occupe un chapitre rustique
du Théâtre d’agriculture
d’Olivier de Serres
C’est si simple
si familier
la coudraie
son ombre légère
et translucide
d’un vert tendre
jeune, nervuré, gaufré
tendu sur des gaules souples
Coudrier ou avelinier
a son printemps en hiver
fleurissant dès février
sans feuilles
chatons dorés
Ce n’est pas tellement en termes
de tronc qu’il croît
plutôt par faisceaux
ou jaillissements de baliveaux
individu pluriel, indomptable
Ses fruits casqués
et savoureux s’habillent
d’un jupon ou d’un bonnet
verte collerette
que le botaniste
nomme « involucre »
On s’étonne d’ailleurs
du pouvoir de germination
de ces globes rigides
de leur fermeture rigoureuse
minuscules coffres au trésor
Tout un prudent travail
de décortication
pour accéder à la denrée
aussi savoureuse
que précieuse
qu’ils renferment
comme quelquefois le poème
Vide, la coquille acajou
sert encore
de carrosse
à la reine des fées
Neufs coudriers
ombragent la fontaine magique
leurs fruits donnent
sagesse et inspiration
au saumon
et à celui qui le mange
Hélas, la noble et blonde
Shannon troublée
par la musique de l’eau
s’y noya, donnant
son nom à un fleuve
d’Irlande, racontent
les Dindshenchas
Ami des écureuils
et des vanniers
baguette des sorciers
ou des sourciers
tant qu’il a été coupé
à l’aube, de la main droite
avec un couteau neuf
coudrier déniche
les sources cachées
et trame des enchantements
Ici la rivière
s’appelle la Coudre
et les noisettes
y roulent
vers les lointains
tandis que je demeure