Colosse tors au talus
de silex, argile et fougère
traverse plus
sereinement l’hiver
que moi
sur le chemin
du Chardonnet
Charme gris
s’ocelle de blanc
de vert
Moussu, enlierré
vieillard aux jeunes rameaux
rêve des formes
au long cours
Le bric-à-brac de Jean-Baptiste Evette
site personnel
Colosse tors au talus
de silex, argile et fougère
traverse plus
sereinement l’hiver
que moi
sur le chemin
du Chardonnet
Charme gris
s’ocelle de blanc
de vert
Moussu, enlierré
vieillard aux jeunes rameaux
rêve des formes
au long cours
Ensorcelé, charmé de neuf
faut que je rechante
les vertus du charme
Carpinus betulus
Suis-je, alors
chanteur de charme ?
Trapu et coriace
ses branches se replient parfois
se soudent au tronc
cannelures volumineuses
racines saillantes
serpent gris surgi
du talus
Jeteur de sortilège, de maléfice
noueur d’aiguillettes ?
Au chemin creux
bourbier l’hiver
mais à l’été
envoûtement de lumière
et de verdure
Le charme opère
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photo P.-A. Touge
Charme
Ce qui enchante chez le charme, ce sont d’abord les formes tourmentées qu’il prend lorsqu’il a été taillé, esquissant ici le visage de bois d’une sorcière ou encore la main d’un géant enseveli. De tous les arbres qui m’entourent, il est celui qui sent le plus son conte de fée, celui qui évoque le mieux les vieilles légendes d’arbres qui parlent ou se déplacent. D’ailleurs, comme le chêne auquel il s’associe souvent, sa souche a quelque chose d’archaïque et de gaulois.
Ses rameaux sont couverts d’un cuir gris argent, plutôt doux sous la main, et vraiment, pour l’enfant qui ose y grimper, il offre un refuge magique dont il faudrait célébrer les mérites en vers ou en incantations.
D’ailleurs, comme le saule, le charme possède un pouvoir presque surnaturel. Ses branches, quand elles se touchent, finissent par adhérer l’une à l’autre et par se souder complètement. Ses rejets, quand il est coupé à ras, se fondent ainsi parfois les uns dans les autres, jusqu’à constituer un tronc unique, cannelé, noueux, tourmenté de creux et de bosses. Les combinaisons sont presque sans limites.
De là, la charmille, abri végétal sous lequel maintes idylles ont été nouées, puisqu’on y reste caché, automne comme été, avec quelque jeune fille charmante.
En effet, son feuillage dentelé sèche et grisonne mais tient bon et ne tombe pas en automne. Les livres de botanique disent qu’il est « marcescent », le mot vient d’un verbe latin qui veut dire « flétrir », mais il a quelque chose de raffiné et d’élégant, sans que cela empêche le charme d’être solide : puisque sa croissance est lente, son bois offre une dureté de billot et d’enclume dont les artisans ont su tirer parti.