On entretient parfois avec un texte une liaison secrète, on le retrouve avec délice le soir en se couchant ; si l’on est empêché de le fréquenter dans la journée, on y pense avec un sourire ; on n’en parle pas forcément aux autres. Le nom de son auteur peut être universellement célèbre, n’empêche, il s’agit d’une histoire profonde, souvent nocturne, discrète avec lui, avec son écriture, sans fanfare ni tambour.
Malgré mes efforts, je ne parviens pas à me rappeler qui m’a introduit à Nerval, dont j’ai d’abord lu Les Filles du feu, c’est peut-être M. Jean-Paul Ballorain, dont je fus l’élève admiratif mais plutôt fuyant au lycée Henri IV de Paris. Il me fit en tout cas découvrir Baudelaire et Poe sous un jour nouveau et très vif.
« Sylvie, souvenirs du Valois » est comme l’essence des Filles du feu. En tout cas, « Sylvie » m’enchanta de sa féérie nostalgique et de sa délicate ironie, en plus de me faire découvrir que la région parisienne avait recélé jadis des espaces champêtres et paysans, que je n’aurais pas soupçonnés. En les recréant, Nerval leur invente une légende immortelle.
L’édition dans laquelle je l’ai lue n’était pas une édition scolaire. Une note médiocre et jalouse, en bas de page, signalait que Jenny Colon qui aurait inspiré telle ou telle figure de femme fictive était en réalité une actrice assez quelconque.
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