« Or, l’ombre est en règle générale seulement
quelque chose d’inférieur, de primitif,
d’inadapté et de malencontreux,
mais non d’absolument mauvais. »
C. G. Jung
Faut-il que mon âme erre loin de moi ?
Quoi me reconduit
nuit après nuit
dans les rues
que j’ai hantées
jadis ?
La recherche du carrefour, du pont, de la rue
où soudain mon chemin aurait divergé ?
L’ayant franchi, j’aurais par erreur
sûrement, ou par obstination
dévié, divorcé
pris la mauvaise rue
celle des ombres
Je sors de mon île
par le pont au Double
Naturellement, un être malin
un doppelgänger malfaisant
me remplace
met ses pieds dans mes souliers
grimace à travers mon sourire
Ou un dibbouk s’accroche à moi
s’installe sur mon épaule droite
et me sussurre ses insanités
Deux deniers de péage
pour le traverser naguère
Et dans le tarot
le deux de deniers
est l’arcane
des choix incompatibles
Mais allons de l’avant
personne n’a rien choisi
Tout était déjà écrit
Allons de l’avant
sans laisser l’angoisse
sur nos talons
rattraper
l’un ou l’autre