Lande d’ajoncs

J’ai envie de chanter là
la lande
et l’ajonc acéré
Si La lande 
touche le ciel
a écrit Guillevic, Eugène
ou était-ce Le Braz, Anatole
l’ajonc l’ancre

Faut-il le dire, c’est du Cotentin
que je reviens, illuminé
enluminé d’un coup de soleil
finistère proche et lointain
ce qui conduit à consulter
des Bretons d’outre-tombe
un Suédois et peut-être un Américain

Nécromant ordinaire
je converse souvent avec des morts
qui me contredisent moins
que les vivants

Pourtant, Anatole me met en garde
contre la poésie de boule à neige
« prenez quelques clochers à jours
quelques calvaires, un air de biniou
trois notes de bombarde
vous ajoutez un brin de genêt
un bouquet d’ajonc-d’or
du vent, de la brume, de la pluie, de la mer
vous mêlez le tout, vous agitez fortement
et vous avez la Bretagne »

Mais l’ajonc bien sûr
nuances de vert
allure mousseuse
trompeuse douceur
ulex europaeus
a piqué ma curiosité
pas seulement
quand je me suis assis dessus
par mégarde

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Au coing

Quel mystère
cache le coing
Cydonia oblonga ?

Au moins un « g » muet
comme à sang ou poing
ancêtre dur à cuire ?

Le nom de l’arbre
« cognassier »
évoque d’ailleurs une dureté
que ne dément pas
toujours la chair du fruit

Ses roses
délicatement roses
à cinq pétales
au bout de branches torses
égaient au printemps
les bords des rivières
et des fossés

Petit, râblé
souvent mal coiffé
dans la Drôme
j’en suis témoin
il repousse
naturellement
et résiste à la canicule

Né sur quelque rivage
de la mer Caspienne
Iran ? Azerbaïdjan ?
il aurait parfumé
les jardins suspendus
de Babylone

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