Érable matamore

Avec de l’élan et de l’allant
pour me hisser à la hauteur
j’ai tourné sur moi-même
bras étendus
choisi des mots longilignes

Mais pardon
cher Carl von Linné
Acer pseudoplatanus
érable ou sycomore ?
À ne pas confondre
avec acer platanoides
ni avec l’érable
à feuilles d’obier ?
Je crois qu’un tel fouillis
nuit à la compréhension

Franchement, est-ce
un figuier vénérable ?
un platane d’Orient
même si l’écorce s’écaille ?
Non, c’est un érable élancé
dont les feuilles opposées
ont cinq lobes dentés
et de longs pétioles
souvent rouges
Pourquoi ces hésitations ?

Lequel est faux, lequel vrai ?
Lequel ressemble à l’autre ?
Pourquoi pas érable altier
ou érable à violons ?
D’autres disent plus simplement
grand érable, érable blanc
ou érable des montagnes Continuer la lecture de « Érable matamore »

Ballade du tilleul

Volé à Yannick, http://www.crokfun.com
Volé à Yannick, http://www.crokfun.com

Tilleul n’es-tu
qu’arbre de cour d’école
de jardin public
facile à tailler
souvent mutilé
familier et vaguement ennuyeux ?

N’es-tu que bois blanc,
sans fermeté
un nom un peu mouillé
quelques samares
à l’automne dispersées ?

Si le café me convient
davantage
que l’infusion
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Blanc, le frêne

Élancée, éprise de symétrie
cette essence nordique
porte une feuille composée
qui rassemble plusieurs petites feuilles
appelées folioles
comme celle du sureau ou du robinier
Où l’on est heureux d’apprendre
que ce qui paraît multiple
forme parfois un tout

Son feuillage
se faisait fourrage
Si le foin venait à manquer
on coupait ses rameaux
pour nourrir les animaux

Une étymologie de fantaisie
l’associe à la foudre
Selon Pline l’Ancien
les serpents fuyaient son ombre

On dit aussi que l’arbre Yggdrasil
l’axe du monde des anciens Scandinaves
était un frêne
unissant ciel, terre et enfers
Elfes habitant la cime
aigle dans la ramure
serpent monstrueux dans les racines
D’ailleurs ton accent circonflexe
cache bien un « S », ô frêne,
anciennement « fresne »
Arbre tremblant
arbre du monde

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Lignée II

samare de l'érable

Les arbres, certains confient aux vents de petits aérostats qui emportent chacun une graine dans les tourbillons. Quand la saison est là, érables, tilleuls, frênes ou charmes lancent dans la bourrasque, de toute leur hauteur, ces samares, appareils légers qui doivent emporter leur lignée en des terrains qui lui seraient inaccessibles autrement.

samare du charme

Et volent de singuliers papillons, aux ailes vert pâle, brunes ou acajou, plissés et dissymétriques, lestés pour mieux tournoyer sur eux-mêmes, dont un grand nombre se perd en des lieux stériles.
Confier à la rafale le soin de sa descendance, voilà des façons bien étranges.

samare du tilleul

Et puis on se rappelle la belle réclame gaufrée que portaient les épais dictionnaires Larousse : « Je sème à tout vent. ». De vrai, où atterrissent les mots lâchés sur la page ? Germent-ils jamais ?

samare du frêne