Épines adventices
indésirables, tenaces
hôtes rebelles à la marge
aventurières de la zone
à vous fréquenter
on ne repart pas sans écorchure
Vous n’êtes pas de haute futaie
de vieille lignée
mais sauvages et familiers
ascètes des terres ingrates
vous dormez dehors
en terrains vagues
Épines dans le pied
bien pensant
vous semez un désordre punk
au jardin français
et n’offrez vos fruits
qu’aux vagabonds
Prunellier qui constelles
de perles bleues
givrées de pruine
la clôture que tu chiffonnes
âpre, astringent, et piquant
Épine noire pour résumer
Églantine, jadis, dit-on
tu cachas des enfants persécutés
sous tes arcades d’épines
Ancêtre rude, rustique de la rose
tu fus signe d’égalité
à la boutonnière des ouvriers
Ô épine blanche
aubépine parfumée
robe de mariée de la haie
et volupté masochiste
d’imaginer un cœur sanglant
noué d’épines
Sainte Marguerite-Marie Alacoque
Ronce pugnace
enracinée aux deux bouts
belle par obstination
tu offres gîte au lièvre
et aux oiseaux
et consolation de fin d’été
gelée de mûre odorante
Genévrier, sombre et hérissé
campé là où rien d’autre
ne veut pousser
dont les grains séchés
noirs et fripés
aromatisent les alcools du Nord
tu peuples mes vides
Houx, houx, houx
fantôme de Noël
coriace chevalier vert
prend le soleil d’hiver
et protège la maison
des maléfices
Châtaignier
vieux frère de castagne
bois colérique sous la flamme
fruits en bogues piquantes
Imputrescible, dit-on
tu restes debout même mort
Ça m’irait