Dans ce futur-ci, tout le monde a lu le Discours de la servitude volontaire qu’Étienne de la Boétie a écrit à dix-huit ans et en a compris la substance. Rien ne se faisait sans notre assentiment, sans notre passivité. Nous avons servi dans les armées du tyran qui nous opprimait. Nous avons confié notre argent aux banques qui nous ruinaient. Nous avons acheté les produits qui nous empoisonnaient. Nous avons payé les gardiens qui nous surveillaient Nous avons baillé devant nos propres miroirs à alouettes. Nous étions sans cesse complices du crime qui nous tuait, geôliers de la prison qui nous enfermait, agents de la domination qui nous accablait. Nous nous sommes réduits en esclavage, nous nous sommes colonisés nous-mêmes.
Pourtant la solution était simple, elle dormait à portée de la main. Il suffisait de se retirer de ce jeu, de ne plus le cautionner, de ne plus le nourrir, nous qui en étions le socle. « Alors ce grand colosse dont on avait brisé la base, a fondu sous son propre poids et s’est effondré. »